Les deux principaux guides traitant des contrôles microbiologiques d’environnement en établissements de santé, publiés par le Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CClin) Sud-Ouest et le Comité technique des infections nosocomiales et des infections fiées aux soins (Ctinils), datant respectivement de 1998 et 2002, méritaient tous deux une mise à jour. C’est chose faite avec le nouveau guide de bonnes pratiques édité par le Cclin Sud-Ouest.
Dans les établissements de santé, la maîtrise de l’environnement est un des paramètres indispensables à la prévention des infections nosocomiales. Dans le cadre d’une démarche d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins, les contrôles microbiologiques d’environnement participent à la maîtrise des réservoirs environnementaux et à la prévention de la transmission croisée. Différents guides déjà anciens traitaient de ce sujet, dont ceux du CClin Sud-Ouest et du Ctinils ministère de la Santé. Prenant en compte l’évolution de la réglementation, des normes et des techniques, et après s’être assuré qu’aucun guide sur ce thème n’était en cours de rédaction ou révision, le CClin Sud-Ouest a mandaté un groupe de travail pour réactualiser le document de 1998.Le groupe, constitué de dix personnes (spécialistes en hygiène, biologistes ou non), s’est mis au travail fin 2012 et a produit ce nouveau guide dont l’ambition est :
- d’apporter une aide pratique « de terrain » pour le «prescripteur» (équipe opérationnelle d’hygiène et/ou Clin par délégation du directeur de l’établissement de santé), mais aussi pour « l’exécutant e (prélèvements, analyses, validation des résultats…) ;
- d’actualiser les connaissances. En effet, au cours de ces dernières années, les techniques analytiques se sont améliorées, la qualité s’est développée et la réglementation les normes et-ou les recommandations (légionnelles, propreté de l’air, endoscopes, hémodialyse…) ont évolué ;
- d’encourager l’harmonisation dans la pratique de cette surveillance microbiologique, quel que soit le secteur concerné (ES, stérilisation , pharmacie, thérapie cellulaire…), pour améliorer la cohérence des documents, la compréhension entre les différents partenaires et intervenants et, à terme, disposer de données comparables sur les établissements de santé.
Le document été revu début 2015 par plus de trente relecteurs, partenaires hospitaliers ou non, concernés par le sujet. Leurs nombreuses corrections, remarques et suggestions ont permis d’améliorer et de conforter ce document.
Le champ de ce guide concerne la surveillance microbiologique de l’air, de l’eau, des surfaces, des endoscopes et du matériel associé (laveurs, enceintes de stockage…). Le comptage particulaire ne fait pas partie de la surveillance microbiologique stricto sensu mais c’est un complément intéressant du contrôle microbiologique de l’air qui permet de dénombrer.
Les particules inertes (viables et non viables) de l’environnement : c’est à ce titre qu’il est inclus dans ce document. Bien qu’ils n’appartiennent pas à l’environnement, les endoscopes sont aussi inclus clans le guide parce que les contrôles microbiologiques sont le plus souvent pris en charge par les EOH en lien avec les services d’endoscopie.
La conduite à tenir en cas de résultats non conformes est exclue du champ du document car elle doit être adaptée à chaque situation et graduée en fonction d’une analyse bénéfice/risque. Le document est structuré en fonction du processus des contrôles microbiologiquesplutôt que des thèmes classiques (air, eau, surfaces, endoscopes). Ce choix implique des redites mais permet une lecture indépendante de chaque chapitre par les intervenants concernés, en sachant qu’une navigation par thème est également possible grâce à des liens présentés dans un tableau répété à la fin des principaux paragraphes.
Les chapitres du guide de bonnes pratiques :
Le chapitre 1 : présente la stratégie de la surveillance, qui doit être conçue depuis la nécessité des contrôles jusqu’à la gestion des résultats. Ce chapitre donne des pistes pour répondre à des questions communes à tous les contrôles : « pourquoi réaliser des contrôles ? » et « qui sont les acteurs ? », puis à des questions répétées pour chaque thème quoi ?»(ce qu’on cherche ?), (points de contrôle ?), (quand ?), (moment et fréquence des contrôles), (comment?), (méthode ?).
Le chapitre 2 : a pour objet d’apporter des éléments de réflexion pour gérer au mieux la rédaction des prescriptions techniques (prélèvements et analyses) lors de l’établissement du cahier des clauses techniques particulières (CCTP) qui engage les partenaires pour les prestations demandées
Le chapitre 3 : le plus volumineux, concerne le prélèvement, qui est l’acte essentiel car il conditionne la validité et la représentativité de toutes les analyses qui seront effectuées sur l’échantillon, Une erreur de manipulation peut influencer les résultats d’analyse. Ce chapitre préconise des recommandations générales communes pour tous les thèmes (par exemple posséder le plan de prélèvements établi et validé par l’EOH et/ou l’institution – Clin -, avoir le matériel nécessaire en conformité avec le protocole de(s) l’analyse(s) à effectuer, identifier les prélèvements, tracer les informations…). Après ces généralités communes, le chapitre reprend pour chaque thème un plan commun : principe, fréquence, moment du prélèvement, matériel, réalisation, identification, conditions de transport et délai d’acheminement, enregistrement.
Le chapitre 4 : (analyse, méthodes et résultats) est celui dans lequel le groupe, ayant constaté de grandes disparités dans les températures et temps d’incubation, en particulier pour les contrôles de surfaces, s’est accordé pour (hors contexte réglementaire ou normatif qui différerait) restreindre le choix pour les températures et les durées d’incubation à :
- 30 ± 2 °C pour la flore aérobie revivifiable (milieux tous germes : bactéries et champignons) pendant 5 à 7 jours,
- 22 + 2 ‘C pour les recherches ciblées de champignons (milieux spécifiques) pendant 5 à 7 jours,
Dans les deux cas, la première lecture s’effectue entre 48 et 72 heures et la seconde s’effectue entre 5 et 7 jours. Le groupe déconseille également l’incubation «séquentielle ›, (36 °C puis 22 °C de la même culture)…
Ce guide se veut une aide pratique mais il ne peut en aucun cas se passer des préalables indispensables à toute surveillance intégrant les caractéristiques et spécificités propres à chaque établissement, qui supposent une bonne connaissance de celui-ci, la réalisation d’une analyse de risque, la définition d’objectifs précis pour chaque contrôle on campagne de contrôles sans oublier l’anticipation de la gestion des résultats